Werner Bischof

catégorie: Mauvisme, [photo]blog, photographie — écrit par: Vincent le 27 août 2007 à 22:40

La biographie est un exercice qui ne trouve probablement son intérêt que dans la tentative de compréhension d’une œuvre par le vécu de son auteur, mais c’est plus dans un but informatif que ce genre de littérature accompagnera de temps à autres des articles consacrés à diverses personnes, ou artistes. Voici donc la première :

Werner Adalbert Bischof (1916-1954)

Lien vers la galerie photo de Werner Bischof sur le site de l'agence Magnum

Bien que né le 26 avril 1916 à Zurich, Werner Bischof grandit en Allemagne. C’est là qu’il développera sa passion pour l’art en commençant le dessin tout jeune ou encore au travers de l’initiation aux photogrammes (dentelles..) dispensée par son père. Malgré tout cela, ses parents le dirigeront vers des études d’instituteur qu’il abandonnera au bout d’un an, les convaincant de le laisser intégrer l’école d’art de Zurich.

PAR78756

 

A défaut de trouver une place en cours d’art graphique, il s’inscrit en 1933 à celui de photographie, les possibilités infinies du support le séduisent aussitôt. La discipline est alors enseignée par Hans Finsler, membre de la nouvelle vision berlinoise, mouvement également composé d’artistes tels que Moholy-Nagy et Blossfeldt dont Bischof s’inspirera grandement pour ses travaux sur les gros plans de formes naturelles. Son professeur le recommandera d’ailleurs à Moholy-Nagy en ces termes : “un pur photographe au sens premier du terme : il écrit avec la lumière“.

En 1936, il ouvre un studio de photographie et de graphisme, travaillant principalement pour des agences de publicité. Trois ans plus tard, la guerre avortera sa tentative d’ouverture d’un autre studio à Paris où l’œuvre surréaliste de Man Ray l’a attiré.

 

PAR8478 Deux ans passés sous les ordres en Suisse seront pour lui l’occasion d’une prise de conscience. Il va donc peu à peu intégrer des personnes à ses photographies, incité par Arnold Kübler du magazine Du, et essayer de montrer “le visage de l’humanité souffrante“. Ainsi Bischof parcourra l’Europe dévastée par la guerre, une fois celle-ci terminée. Il y photographiera un grand nombre d’enfants “victimes innocentes de la guerre“.

 

 

Lors de sa traversée de l’Italie, en 1946, il rencontre Rösli Mandel qui deviendra Rosellina Bischof. Ils donneront naissance à Marco en 1949. Ses publications dans Du amèneront Werner Bischof à collaborer avec le magazine Life, mais l’utilisation des photographies, notamment celles d’Europe orientale, fera tourner court leur travail en commun. Progressivement, il abandonnera le statut de journaliste, la faute à une vision rentable du photojournalisme par la presse. Pourtant, approché par Magnum en 1948, il rejoindra l’agence l’année suivante, séduit par son indépendance et sa politique.

 

PAR198428 En 1951, Bischof part en Corée, via le Japon, il y photographie la population civile victime des combats, puis, comme quelques années plus tôt en Europe, il s’attarde sur les orphelins de guerre. De retour au Japon, Capa lui commande un bref reportage sur l’influence américaine dans le pays. L’idée lui plait mais pas les conditions, il s’exécutera néanmoins mais à son rythme, car l’homme veut sentir le Japon de l’intérieur et ainsi aider à comprendre cette contrée. Il en profitera aussi pour participer au projet “Génération X” de Magnum en photographiant deux étudiants japonais aux prises avec les contradictions du changement.

 

 

PAR198482 En marge d’un reportage glorifiant l’armée française en Indochine accepté à contrecœur pour le compte de Paris-Match, Bischof passe quelques temps dans le petit village de Barau, fasciné qu’il est par la beauté et la simplicité du peuple du Viêt-Nam. Mais l’impression qu’il a de se prostituer en effectuant ce genre de travail de commande associé au fait qu’il ne trouve pas preneur pour son reportage sur Barau le douter autant qu’ils l’écœurent. Il ne reprendra confiance en son travail que de retour à Zurich, où il le redécouvrira réellement. Profitant de ce regain de motivation, Bischof met sur pied une exposition, dans les mêmes moments Du lui consacre un numéro spécial. Une rencontre va encourager le photographe dans sa marche en avant, celle d’Henri Cartier-Bresson à Paris. Elle lui fait prendre conscience que ses soucis sont partagés par d’autres. Septembre 1953 sera pour Werner Bischof synonyme de nouveau départ, changeant d’horizon, le continent américain, mais pas de sujet, celui de ce projet étant les peuples d’Amérique centrale et méridionale vivant le long de la route panaméricaine.

 

PAR198497 Les clichés qu’il prendra de New-York, sa première escale américaine, donnent l’impression d’une ville froide et impersonnelle… inhumaine. En outre, il y rencontrera le personnel de Magnum, et après plusieurs travaux destinés à financer son périple, auxquels s’ajoute une subvention de la société Schlumberger, il se rend avec Rosellina à Mexico. Mais enceinte elle sera obligée de repartir pour la Suisse. On voit d’ailleurs au travers de la correspondance qu’ils établiront alors que Werner Bischof est toujours hanté par ses doutes au sujet du bienfondé du photojournalisme, mais qu’au contact des habitants des campagnes son entrain revient peu à peu.

 

Alors qu’il se trouve à Machu Pichu il rencontre Ali de Szepessy, un géologue zurichois, qui lui propose de faire un reportage sur une mine andine qu’il a réussi à rejoindre. Le 16 mai 1954, quelques heures après avoir signalé un problème sur leur voiture, Werner Bischof, Ali de Szepessy et leur chauffeur s’écrasent au fond d’un ravin. C’est une année noire pour Magnum qui perd neuf jours plus tard un de ses fondateurs, Robert Capa, qui saute sur une mine lors d’un reportage en Indochine.

 

 

 

PAR237641 L’œuvre de Werner Bischof nous est parvenue en grande partie grâce à Rosellina qui la géra, en plus d’autres actions qu’elle mena pour le soutien de la photographie, jusqu’en 1986, année de sa mort. Depuis cette date c’est Marco Bischof, leur premier enfant, qui a repris le flambeau.

 

Cette biographie a été élaborée à partir de celle présente dans l’ouvrage de la série 55 dédié à Werner Bischof et publiée chez Phaidon.

 

Quelques livres feuilletés et approuvés :

PAR230556PAR237934PAR306567

.

Un commentaire »

20

Commentaire par Antoine

30 août 2007 @ 19:02

Le troisième bouquin déchire sa race.

Flux RSS des commentaires de cet article. TrackBack URI

Laisser un commentaire

XHTML: You can use these tags: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <code> <em> <i> <strike> <strong>